Neurinome : La cophose

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Neurinome : La cophose

France Acouphènes
Publié par Serge Lefort dans Santé · Samedi 27 Sep 2014
Tags: NeurinomeCophose
Neurinome de l'acoustique
France  Acouphènes a édité un Hors Série de notre revue consacrée au  neurinome de l’acoustique suite à un congrès que notre association  avait organisé à Paris en janvier 2009. Cet évènement et ce numéro  spécifique ont permis de faire le point sur cette pathologie et ses  conséquences grâce à l’intervention de nombreux spécialistes.  Régulièrement, nous continuons à vous informer sur ce sujet en  apportant de nouvelles informations qui viennent compléter ce numéro  Hors Série, toujours disponible auprès de notre secrétariat. Dans ce  numéro 85, notre référent neurinome, Serge Lefort, nous présente une  des conséquences possibles de l’opération d’un neurinome, et donne  des explications pour une meilleure compréhension et les solutions qui  peuvent être envisagées de manière concrète. Bonne lecture JG.

La cophose 1
Comment vivre avec une cophose
Le traitement d’un neurinome de l’acoustique (voir le numéro Hors Série Neurinome de l’acoustique et la revue 77 pages 31 « Découverte d’un neurinome de l’acoustique »),  peut entraîner plusieurs séquelles. Celles-ci sont différentes  suivant le choix thérapeutique et peuvent être soit partielles, soit  définitives.
La  cophose (surdité unilatérale) survient principalement après une  intervention chirurgicale (très peu de cas en radiochirurgie2). Elle est systématique lorsque l’exérèse 3 du neurinome de l’acoustique est réalisée par voie translabyrinthique 4 et relativement fréquente avec les autres voies d’accès.
Si  le monde médical peut avoir tendance à minimiser cette séquelle en  pensant qu’avec une seule oreille saine la vie continue sans  difficulté, la réalité du patient peut s’avérer bien différente. Il  faut savoir qu’avec deux oreilles le cerveau reçoit plus  d’informations sonores (6 dB 5 de plus) ce qui rend l’audition plus confortable.
La qualité de vie des patients atteints de surdité unilatérale est plus altérée qu’on ne l’imagine.
Conséquence d’une cophose
Voici quelques petits exemples de l’inconfort rencontré au quotidien par les personnes cophosées :
  • une sensibilité accrue au bruit,
  • un problème de compréhension avec un proche interlocuteur,
  • une impossibilité de communiquer dans un environnement bruyant (magasins, restaurants, réunions, repas de famille...),
  • une perte de spatialité 6 qui  conduit à ne plus pouvoir situer une personne qui vous interpelle (ce  qui est relativement problématique pour  une mère vis-à-vis de son  enfant) ou à ne pas localiser un véhicule dans la rue.
Malheureusement,  ces situations conduisent très souvent la personne cophosée à  s’isoler dans son quotidien ce qui entraîne une dégradation de sa vie  sociale.
Pendant  longtemps cette population n’a eu aucun accès à des appareillages  pour résoudre leur gêne car la difficulté rencontrée était de  pouvoir transmettre à l’oreille saine les sons provenant du côté  sourd.

1  Dans  le langage médical, surdité est synonyme d’hypoacousie. Pour la perte  complète de ce sens, on parle d’anacousie ou de cophose : une absence  de réponse à tout stimulus auditif (perte de 120 dB), soit une  surdité totale).

2  La  radiochirurgie ou stéréo-radiothérapie est une technique utilisée  par les neurochirurgiens ou les radiothérapeutes. C’est une technique  non invasive permettant de traiter des malformations artério-veineuses,  des tumeurs bénignes (neurinome de l’acoustique par exemple).
 
3  L’exérèse  est une opération chirurgicale par laquelle on enlève un organe, une  tumeur ou un corps étranger inutile ou malade.
 
4  La voie translabyrinthique permet de retirer toutes les tumeurs mais elle entraîne toujours une cophose (surdité complète).
 
5  Pour  quantifier la force d’un bruit, on utilise l’échelle des décibels  (dB). Cette échelle permet de mesurer la force, c’est-à-dire  l’intensité du bruit. Plus un bruit sera fort, plus le nombre de  décibels qui lui sera associé sera élevé. Les sons sont mesurés par  leur intensité en Décibel (dB) et leur fréquence en Hertz (Hz).

Heureusement,  depuis quelques années, certains fabricants d’audioprothèses  proposent des solutions aux personnes atteintes de surdité unilatérale  en s’appuyant sur les deux principes qui nous permettent de percevoir  le son : la conduction aérienne 7 et la conduction osseuse 8 .  Ces deux pistes explorées nous conduisent aujourd’hui à avoir  plusieurs possibilités de prothèses auditives pour appareiller une  personne souffrant d’une surdité unilatérale.

Appareillages par conduction osseuse
  
Leur principe  est relativement simple. Profitant de la très grande qualité de  conduction de l’os, il consiste à utiliser la boite crânienne comme  support de transmission. Pour cela, il convient, par une légère  intervention chirurgicale pratiquée sous anesthésie locale, de poser  un petit implant en titane au niveau de la mastoïde (située derrière  le pavillon de l’oreille) surmonté d’un petit pilier (support) pour  permettre l’adaptation de la future prothèse. Six à huit semaines plus  tard (environ trois mois pour un enfant) celui-ci s’est  ostéo-intégré ce qui permet d’installer le système de prothèse  auditive. Cet appareillage transforme les sons perçus du côté sourd  en vibrations et, grâce à la conduction osseuse, ceux-ci sont transmis  à la cochlée de l’oreille saine (cf. figures 1).
Un dérivé de  ce principe permet de fixer l’appareillage directement sur une branche  de lunette afin d’éviter la pose d’un pilier (cf. figure 2). La  qualité de perception peut s’avérer légèrement altéré compte tenu  d’une zone de contact, avec la présence du cuir chevelu, moins bonne.
Depuis  peu, une nouvelle prothèse auditive implantable à stimulation directe  est apparue sur le marché. Elle se compose de deux éléments  principaux : un implant à ancrage osseux et un audio processeur  externe. Ce système ne comporte plus de pilier mais est maintenu par  deux aimants de polarité opposée (un dans l’implant, un dans le  processeur). Le signal est transféré à travers la peau jusqu’à la  partie interne qui convertit celui-ci en vibrations (cf. figure 3).
    
6 Perte de la relation entre un son et sa situation dans l’espace.
7 transmission  des ondes acoustiques à l’oreille interne par l’intermédiaire de  l’oreille externe. En audiométrie, la conduction aérienne  correspond au son transmis par un casque.
8 Mode de transmission des sons à la cochlée par l’intermédiaire des os du crâne.

Appareillages par conduction aérienne
Ces  appareillages se basent sur un système appelé CROS (Controlatéral  Routing Of Signal). Il s’agit de capter le son par un microphone sur  l’oreille cophotique, de le ré-émettre par signal amplifié pour un  traitement par un récepteur du côté sain.
Il existe deux  types de système CROS, un filaire et un utilisant des ondes Hautes  Fréquences (HF). Cet appareillage est composé de deux contours  d’oreille classique (cf. figure 4). Il existe aussi avec des intras  (appareils auditifs qui se logent à l’intérieur de l’oreille dans le  conduit auditif).
Pour le système filaire, la transmission se fait soit par une monture de lunette, soit par un fil passant derrière la tête.

 Attention, pour le système HF, on parle souvent de système Wi-Fi. Ceci  est un terme impropre car les ondes employées sont de très faible  importance et de très faible intensité. C’est une transmission qui est  aujourd’hui en numérique (ce qui évite des informations erronées)  qui fonctionne sur un système binaire à base de 0 et de 1. Ceci  élimine les interférences avec le monde extérieur.
Ce  système a un avantage particulier car il permet d’apporter une  correction sur l’oreille saine si cela est nécessaire. Dans ce cas il  est appelé BiCROS (cf. figure 5).
  
contact.neurinome@france-acouphenes.org

   
Un petit conseil
La démarche de se faire appareiller n&rsquo;est pas toujours  facile à prendre. Il faut savoir que chaque personne est différente  dans son jugement sur sa qualité de perception. Il en va de même sur  notre qualité de conduction osseuse. Aussi, dans tous les cas, il  convient, avec son audioprothésiste de faire des essais avec les  différents systèmes de prothèses existantes avant de faire son choix.

 
Un numéro hors-série de la revue de France Acouphènes consacré au neurinome de l’acoustique
Pour en savoir plus sur le neurinome et les thérapies, traitements, recherche...
Ce numéro de 48 pages comprend le compte-rendu du premier congrès Neurinome.
Pour commander le numéro hors-série Neurinome CLIQUEZ ICI
 

TINNITUSSIMO - 3e TRIMESTRE 2014


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