Neurinome : La cophose
Neurinome de l'acoustique
France Acouphènes a édité un Hors Série de notre revue consacrée au neurinome de l’acoustique suite à un congrès que notre association avait organisé à Paris en janvier 2009. Cet évènement et ce numéro spécifique ont permis de faire le point sur cette pathologie et ses conséquences grâce à l’intervention de nombreux spécialistes. Régulièrement, nous continuons à vous informer sur ce sujet en apportant de nouvelles informations qui viennent compléter ce numéro Hors Série, toujours disponible auprès de notre secrétariat. Dans ce numéro 85, notre référent neurinome, Serge Lefort, nous présente une des conséquences possibles de l’opération d’un neurinome, et donne des explications pour une meilleure compréhension et les solutions qui peuvent être envisagées de manière concrète. Bonne lecture JG.
La cophose 1
Comment vivre avec une cophose
Le traitement d’un neurinome de l’acoustique (voir le numéro Hors Série Neurinome de l’acoustique et la revue 77 pages 31 « Découverte d’un neurinome de l’acoustique »), peut entraîner plusieurs séquelles. Celles-ci sont différentes suivant le choix thérapeutique et peuvent être soit partielles, soit définitives.
La cophose (surdité unilatérale) survient principalement après une intervention chirurgicale (très peu de cas en radiochirurgie2). Elle est systématique lorsque l’exérèse 3 du neurinome de l’acoustique est réalisée par voie translabyrinthique 4 et relativement fréquente avec les autres voies d’accès.
Si le monde médical peut avoir tendance à minimiser cette séquelle en pensant qu’avec une seule oreille saine la vie continue sans difficulté, la réalité du patient peut s’avérer bien différente. Il faut savoir qu’avec deux oreilles le cerveau reçoit plus d’informations sonores (6 dB 5 de plus) ce qui rend l’audition plus confortable.
La qualité de vie des patients atteints de surdité unilatérale est plus altérée qu’on ne l’imagine.
Conséquence d’une cophose
Voici quelques petits exemples de l’inconfort rencontré au quotidien par les personnes cophosées :
- une sensibilité accrue au bruit,
- un problème de compréhension avec un proche interlocuteur,
- une impossibilité de communiquer dans un environnement bruyant (magasins, restaurants, réunions, repas de famille...),
- une perte de spatialité 6 qui conduit à ne plus pouvoir situer une personne qui vous interpelle (ce qui est relativement problématique pour une mère vis-à-vis de son enfant) ou à ne pas localiser un véhicule dans la rue.
Malheureusement, ces situations conduisent très souvent la personne cophosée à s’isoler dans son quotidien ce qui entraîne une dégradation de sa vie sociale.
Pendant longtemps cette population n’a eu aucun accès à des appareillages pour résoudre leur gêne car la difficulté rencontrée était de pouvoir transmettre à l’oreille saine les sons provenant du côté sourd.
1 Dans le langage médical, surdité est synonyme d’hypoacousie. Pour la perte complète de ce sens, on parle d’anacousie ou de cophose : une absence de réponse à tout stimulus auditif (perte de 120 dB), soit une surdité totale).
2 La radiochirurgie ou stéréo-radiothérapie est une technique utilisée par les neurochirurgiens ou les radiothérapeutes. C’est une technique non invasive permettant de traiter des malformations artério-veineuses, des tumeurs bénignes (neurinome de l’acoustique par exemple).
3 L’exérèse est une opération chirurgicale par laquelle on enlève un organe, une tumeur ou un corps étranger inutile ou malade.
4 La voie translabyrinthique permet de retirer toutes les tumeurs mais elle entraîne toujours une cophose (surdité complète).
5 Pour quantifier la force d’un bruit, on utilise l’échelle des décibels (dB). Cette échelle permet de mesurer la force, c’est-à-dire l’intensité du bruit. Plus un bruit sera fort, plus le nombre de décibels qui lui sera associé sera élevé. Les sons sont mesurés par leur intensité en Décibel (dB) et leur fréquence en Hertz (Hz).
Heureusement, depuis quelques années, certains fabricants d’audioprothèses proposent des solutions aux personnes atteintes de surdité unilatérale en s’appuyant sur les deux principes qui nous permettent de percevoir le son : la conduction aérienne 7 et la conduction osseuse 8 . Ces deux pistes explorées nous conduisent aujourd’hui à avoir plusieurs possibilités de prothèses auditives pour appareiller une personne souffrant d’une surdité unilatérale.
Appareillages par conduction osseuse
Leur principe est relativement simple. Profitant de la très grande qualité de conduction de l’os, il consiste à utiliser la boite crânienne comme support de transmission. Pour cela, il convient, par une légère intervention chirurgicale pratiquée sous anesthésie locale, de poser un petit implant en titane au niveau de la mastoïde (située derrière le pavillon de l’oreille) surmonté d’un petit pilier (support) pour permettre l’adaptation de la future prothèse. Six à huit semaines plus tard (environ trois mois pour un enfant) celui-ci s’est ostéo-intégré ce qui permet d’installer le système de prothèse auditive. Cet appareillage transforme les sons perçus du côté sourd en vibrations et, grâce à la conduction osseuse, ceux-ci sont transmis à la cochlée de l’oreille saine (cf. figures 1).
Un dérivé de ce principe permet de fixer l’appareillage directement sur une branche de lunette afin d’éviter la pose d’un pilier (cf. figure 2). La qualité de perception peut s’avérer légèrement altéré compte tenu d’une zone de contact, avec la présence du cuir chevelu, moins bonne.
Depuis peu, une nouvelle prothèse auditive implantable à stimulation directe est apparue sur le marché. Elle se compose de deux éléments principaux : un implant à ancrage osseux et un audio processeur externe. Ce système ne comporte plus de pilier mais est maintenu par deux aimants de polarité opposée (un dans l’implant, un dans le processeur). Le signal est transféré à travers la peau jusqu’à la partie interne qui convertit celui-ci en vibrations (cf. figure 3).
6 Perte de la relation entre un son et sa situation dans l’espace.
7 transmission des ondes acoustiques à l’oreille interne par l’intermédiaire de l’oreille externe. En audiométrie, la conduction aérienne correspond au son transmis par un casque.
8 Mode de transmission des sons à la cochlée par l’intermédiaire des os du crâne.
Appareillages par conduction aérienne
Ces appareillages se basent sur un système appelé CROS (Controlatéral Routing Of Signal). Il s’agit de capter le son par un microphone sur l’oreille cophotique, de le ré-émettre par signal amplifié pour un traitement par un récepteur du côté sain.
Il existe deux types de système CROS, un filaire et un utilisant des ondes Hautes Fréquences (HF). Cet appareillage est composé de deux contours d’oreille classique (cf. figure 4). Il existe aussi avec des intras (appareils auditifs qui se logent à l’intérieur de l’oreille dans le conduit auditif).
Pour le système filaire, la transmission se fait soit par une monture de lunette, soit par un fil passant derrière la tête.
Attention, pour le système HF, on parle souvent de système Wi-Fi. Ceci est un terme impropre car les ondes employées sont de très faible importance et de très faible intensité. C’est une transmission qui est aujourd’hui en numérique (ce qui évite des informations erronées) qui fonctionne sur un système binaire à base de 0 et de 1. Ceci élimine les interférences avec le monde extérieur.
Ce système a un avantage particulier car il permet d’apporter une correction sur l’oreille saine si cela est nécessaire. Dans ce cas il est appelé BiCROS (cf. figure 5).
contact.neurinome@france-acouphenes.org
Un petit conseil
La démarche de se faire appareiller n’est pas toujours facile à prendre. Il faut savoir que chaque personne est différente dans son jugement sur sa qualité de perception. Il en va de même sur notre qualité de conduction osseuse. Aussi, dans tous les cas, il convient, avec son audioprothésiste de faire des essais avec les différents systèmes de prothèses existantes avant de faire son choix.
Un numéro hors-série de la revue de France Acouphènes consacré au neurinome de l’acoustique
Pour en savoir plus sur le neurinome et les thérapies, traitements, recherche...
Ce numéro de 48 pages comprend le compte-rendu du premier congrès Neurinome.
Ce numéro de 48 pages comprend le compte-rendu du premier congrès Neurinome.
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TINNITUSSIMO - 3e TRIMESTRE 2014
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