Vous prenez l'avion? Attention aux oreilles !

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Vous prenez l'avion? Attention aux oreilles !

France Acouphènes
Publié par France Acouphènes dans Santé · Lundi 20 Août 2018
Tags: AvionOreilles
Vous prenez l'avion ? Attention aux oreilles !
Les changements brutaux d'altitude peuvent  occasionner de sérieux problèmes ORL. Les passagers d'un vol Ryanair en  juillet en ont fait l'amère expérience.
Par Adam Taylor*, The Conversation France

Mi-juillet 2018, un Boeing 737 de la compagnie Ryanair reliant  l'Irlande à la Croatie, de Dublin à Zadar, a dû se poser en urgence à  Francfort, en Allemagne, en raison d'une dépressurisation de sa cabine. À  la suite de cet épisode éprouvant, 33 passagers ont dû être  hospitalisés, car leurs oreilles saignaient. Pourquoi donc cette  descente rapide a-t-elle provoqué des hémorragies ?
Les avions volent habituellement à plus de 9 000 mètres d'altitude,  une hauteur atteinte en montant ou en descendant d'environ 600 mètres  par minute. À cette altitude, la pression atmosphérique à l'extérieur de  l'appareil n'est que le tiers de celle s'exerçant au niveau de la mer.  Conséquence : les gaz se dilatent. Pour des raisons de confort et de  sécurité, les cabines des avions sont « pressurisées » à une pression  équivalant à celles comprises dans l'intervalle entre 1 500 et  2 500 mètres d'altitude. Cette pression est donc plus faible que celle  qui existe au niveau de la mer. Ce qui explique que, lorsque vous  emportez un paquet de chips en vol, celui-ci semble sur le point  d'exploser ou qu'à l'arrivée votre bouteille de shampoing a coulé dans  votre sac. Cette pressurisation permet également de maintenir la  concentration en oxygène dans la cabine à un niveau suffisant pour les  passagers.
Altitude, pression et trompe d'Eustache
Normalement, à mesure que l'avion s'élève, l'air présent dans  l'oreille interne (voir schéma ci-dessous) est à une pression supérieure  à celle de l'air de la cabine. Il est en effet toujours à la pression  qui existait au niveau du sol lors du décollage. Cette différence de  pression fait alors gonfler le tympan.
 
À l'inverse, lorsque l'avion redescend, la pression de l'air dans la  cabine augmente progressivement pour tendre vers celle qui existe au  niveau de la mer. Mais, dans l'oreille interne, la pression demeure la  même que celle, plus basse, qui existait pendant le vol. Cette fois, le  tympan est poussé vers l'intérieur. Les sons ambiants semblent alors  étouffés, une sensation que vous avez peut-être déjà expérimentée en  avion.
Lors d'une montée et d'une descente normales, sucer un bonbon, boire  ou bâiller peut aider à ouvrir la trompe d'Eustache (le conduit qui  relie l'oreille moyenne à l'arrière-nez), qui est normalement fermée.  L'ouverture située à l'arrière du nez s'élargit, ce qui permet à la  pression de l'oreille interne de s'équilibrer avec celle de l'extérieur.

Barotraumatisme
L'incident subi par les passagers du vol Ryanair FR7312 a résulté  d'une perte de pression en cabine. Dans ce type de situation, l'air,  normalement maintenu mécaniquement à l'intérieur de la cabine (à une  pression correspondant à une altitude de 1 500 à 2 500 mètres, donc),  s'échappe hors de l'avion, où la pression est très inférieure. Ce  faisant, la pression de la cabine s'équilibre avec la pression de l'air  extérieur. L'air contenu dans les oreilles des passagers, qui est aussi à  une pression très supérieure à celle de l'air extérieur, cherche alors à  s'échapper.
À une altitude aussi élevée que celle d'un vol long-courrier,  l'importante différence de pression entre l'intérieur de l'appareil et  l'extérieur peut entraîner un « barotraumatisme » résultant en une  rupture du tympan ainsi que des vaisseaux sanguins de l'oreille, avec  pour conséquence une perte d'audition et des hémorragies. À ce stade,  les paquets de chips présents en cabine ont explosé… Les images du vol  FR7312 diffusées sur les réseaux sociaux ont aussi révélé que certains  passagers avaient perdu du sang dans leurs masques à oxygène,  probablement en raison de la rupture de vaisseaux sanguins au niveau du  nez, survenue au moment du changement de pression. En effet, les  liquides et les gaz qui se dilatent doivent forcément s'échapper quelque  part…
© DR
Un risque important : l'asphyxie
En cas de dépressurisation, le danger le plus important pour les  passagers est l'asphyxie. À mesure que l'avion s'élève dans  l'atmosphère, la quantité d'oxygène disponible à l'extérieur diminue  jusqu'au point où elle n'est plus suffisante pour assurer une  respiration efficace. En plus de maintenir une pression de l'air  correcte dans la cabine, il est donc nécessaire de s'assurer que la  concentration en oxygène est suffisante. L'air est composé à 21 %  d'oxygène. Au niveau de la mer, cette concentration est idéale pour la  respiration des êtres humains. Toutefois, en altitude, l'air étant moins  dense, les molécules d'oxygène sont plus dispersées. À 9 000 mètres,  pour un même volume d'air inspiré, seul le tiers de la quantité  d'oxygène disponible au niveau de la mer arrive dans les alvéoles  pulmonaires. Le manque d'oxygène se fait sentir.
La saturation en oxygène d'un être humain en bonne santé est  généralement comprise entre 94 % et 98 %. Durant un vol, elle diminue  pour s'approcher des 90 %, voire dans certains cas descendre dans les  80 %. Cette réduction « normale » de la saturation en oxygène peut à  elle seule avoir des conséquences importantes pour les personnes  présentant des difficultés respiratoires ou des problèmes cardiaques.  C'est pour cela qu'en cas de dépressurisation accidentelle de la cabine,  les masques à oxygène tombent immédiatement devant les passagers : il  s'agit de s'assurer que ceux-ci continueront à avoir suffisamment  d'oxygène à disposition pour saturer leur sang…
Tandis que les masques tombent, le pilote, de son côté, descend le  plus rapidement possible afin d'arriver à une altitude où les passagers  pourront respirer sans assistance (généralement aux alentours de  3 000 mètres). En effet, l'« oxygène de subsistance » des passagers est  produit par réaction chimique dans un générateur situé dans le panneau  au-dessus d'eux. Or, ce système ne peut fournir qu'une quinzaine de  minutes du précieux gaz.

D'autres effets secondaires déplaisants
Par chance, le genre de mésaventure vécue par les passagers du vol  FR7312 est plutôt rare. Le transport aérien est extrêmement sécurisé,  et 2017 a d'ailleurs été l'année la plus sûre de l'histoire de  l'aviation civile). Toutefois, même si les choses se passent  correctement, les vols ne seront probablement jamais totalement  agréables…
Si tout le monde subit les problèmes auditifs (audition perturbée,  oreilles qui craquent), ceux-ci sont particulièrement désagréables pour  les personnes qui voyagent en étant enrhumées : leurs sinus sont emplis  de mucus, ce qui bloque l'ouverture de leurs trompes d'Eustache… Les  dents des passagers peuvent également les faire souffrir pendant ou  après le vol, car l'air contenu dans les plombages et autour des nerfs  se dilate et se contracte en fonction des changements de pression.  Malheureusement, contrairement aux maux d'oreilles, mâcher du  chewing-gum ou sucer un bonbon n'atténuera pas ces douleurs.
Et les oreilles ou les dents ne sont pas les seules parties du corps  qui soient affectées par la diminution de pression de l'air : c'est  aussi le cas des gaz contenus dans l'intestin. Ceux-ci se dilatent à  mesure que l'avion prend de l'altitude, puis se retrouvent à nouveau  comprimés au moment de la descente. Ils cherchent alors un endroit où  s'échapper. À cet instant, les passagers se retrouvent souvent face à un  cruel dilemme : choisir entre inconfort physique et inconfort social…  Pour remédier à ce problème bien connu, un groupe de chercheurs a  suggéré d'incorporer du charbon actif dans les sièges des appareils,  afin d'absorber les odeurs. À défaut d'atteindre la perfection, il est  toujours possible d'améliorer l'expérience.

*Adam Taylor est maître de conférences à  l'université de Lancaster Royaume-Uni. Il dirige notamment le Clinical  Anatomy Learning Centre de cet établissement.
Source : Le Point / Santé 20/08/18


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